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La périnéorraphie comme guérison de l'accouchement par voie basse, Phnom Penh, Cambodge
Clémence Schantz Inguenault  1@  
1 : Centre population et développement  (CEPED)  -  Site web
Université Paris V - Paris Descartes, INED, Institut de recherche pour le développement [IRD] : UR196
CEPED - 19 Rue Jacob - 75006 Paris -  France

La périnéorraphie[1] comme guérison de l'accouchement par voie basse, Phnom Penh, Cambodge

 

« Ici on ne fait pas la rééducation du périnée, on fait la réparation du périnée »

(Sage-femme, 65 ans, Phnom Penh, 2014).

 

La périnéorraphie est une pratique chirurgicale invasive visant à rétrécir l'orifice vaginal. Au Cambodge, dans la capitale Phnom Penh, les terrains de recherche ont montré qu'elle était régulièrement réalisée chez des femmes jeunes, immédiatement à l'issue de l'accouchement par voie basse, ou quelques mois après celui-ci. En s'appuyant sur des données empiriques issues de quatre terrains de recherche d'une durée totale de 10 mois dans des hôpitaux et cliniques à Phnom Penh, auprès de sages-femmes, de gynécologues obstétriciens, d'hommes et de femmes, mais aussi en milieu rural, cette communication proposera de partir de la périnéorraphie, « chirurgie réparatrice » du périnée, pour s'interroger sur ce que cette réparation ou « guérison » veut dire dans la biomédecine obstétricale khmère contemporaine. Nous proposerons ainsi de redéfinir l'accouchement par voie basse à Phnom Penh comme une pathologie spécifique dont il faut « guérir », à travers le prisme de la périnéorraphie, « réparation » chirurgicale du périnée.

Nous définirons la guérison en référence à cette thérapie interventionniste qui semble avoir pour but le retour à la virginité (kromom) des femmes. Elle répond à la construction sociale d'une norme corporelle et sexuelle issue de l'élaboration plurielle d'une multitude d'acteurs : hommes, femmes, et soignants. Cela nous amènera à déconstruire l'accouchement par voie basse, à le situer dans une représentation symbolique du corps au Cambodge où la circulation des flux corporels est centrale et où les orifices doivent être maitrisés. Cette posture épistémologique permettra ainsi de replacer le corps au cœur de l'analyse, et de l'envisager comme le miroir de la société khmère.

 

[1] Pratique chirurgicale utilisée en France de façon sporadique chez des femmes majoritairement âgées et atteintes de rectocèle (prolapsus du rectum) et visant à couper et à enlever une partie des muscles et tissus périnéaux afin de resserrer et rétrécir l'orifice vaginal.



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