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Sur la production et la circulation des récits de guérison. L'exemple des praticiens français en médecine traditionnelle indienne
Nicolas Commune  1@  
1 : Dynamiques sociales et langagières  (Dysola)  -  Site web
Université de Rouen : EA4701
Rue Lavoisier, 76 821 Mont Saint Aignan Cedex -  France

En France, les praticiens d'ayurvéda – une médecine traditionnelle de l'Inde – sont pour la grande majorité des français convertis à cette pratique. Ils se positionnent sur le registre des soins naturels, du bien-être et de la prévention, en se gardant d'afficher toute prétention curative. Groupe relativement peu nombreux, ils pratiquent en libéral pour une clientèle essentiellement urbaine, issue de classes moyennes et aisées. Cependant, lors d'un travail de terrain auprès de cette population, il est apparu que des récits de guérisons attribuées à l'ayurvéda circulent de façon récurrente, entre les praticiens et les patients. L'analyse de ces mises en récits donnent accès à une définition toute autre du travail thérapeutique de ces praticiens, qui à l'inverse du positionnement affiché, met en scène les possibilités curatives de cette « médecine traditionnelle indienne ».

Au delà des récurrences structurant ces récits, les modalités par lesquelles la guérison est évoquée et mise en scène varient à la fois selon leurs destinataires (néophytes ou initiés) et selon l'espace de pratique auquel ils font référence (France ou Inde). Selon ce contexte, la guérison peut être associée à une action bienfaisante, consécutive d'un « mieux-être », ou elle peut renvoyer à une guérison « complète et authentique », dans laquelle la dimension spirituelle est centrale. La circulation de ces récits dans des réseaux - et leur mise en forme différenciée selon les destinataires – permet de souligner les jeux de dévoilement qui prennent place dans ces réseaux, le rôle des « témoins » dans les mécanismes d'authentification qui vont sous-tendre la reconnaissance de la capacité légitime du praticien à produire cette guérison.

De ce point de vue, la guérison apparait comme un bien symbolique produit par une action thérapeutique, qui va justifier le recours à un praticien spécifique, identifié comme dépositaire de cette capacité à guérir. La forme et le contenu de ces récits est alors significatif des luttes concurrentielles et des enjeux de légitimation dans lesquels sont pris ces praticiens, consécutifs de modes spécifiques d'attachement à la clientèle.


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