Dans une société ivoirienne en mutation, comment la perception communautaire des facteurs de santé détermine-t-elle la définition de la guérison ? Telle est la préoccupation à laquelle tente de répondre notre communication.
En effet, face à l'incompréhension sociocommunautaire d'émergence de maladies mystérieuses (VIH SIDA, Cancer, Insuffisances rénales, Ebola) et de récurrence de décès liés tant à ces maladies qu'à des pathologies traditionnellement connues (paludisme, hémorragies post-partum, anémies), plusieurs tentatives d'explication prévalent. Celles-ci portent d'abord sur les aperçus définitionnels qu'ont les communautés de la santé, de la bonne santé, de la mauvaise santé, des soins de santé et de la guérison. Ensuite, elles mettent les perceptions des facteurs de bonne santé en rapport avec l'éducation ; situent les facteurs de mauvaise santé dans les attitudes thérapeutiques ; et mettent celles relatives à la guérison en lien avec les itinéraires thérapeutiques.
Le regard critique que porte la présente communication repose sur une approche monographique. Celle-ci consiste à documenter la question de la santé, de la maladie et de la guérison à partir d'observation directes des vécus et interprétations communautaires des décès de proches parents pour cause d'erreurs médicales, de l'acceptation des paiements informels et des conditions peu enviables de prise en charge. Ce regard critique repose également sur des séries d'entretiens ouverts auprès de personnes ressources communautaires au sein d'un échantillon de communautés ethniques tant du nord, du sud, de l'est, de l'ouest que du centre de la Côte d'Ivoire.
En définitive, cette communication ouvre les perspectives de compréhension des conceptions de la guérison à travers les forces que les communautés confèrent aux paroles de bénédiction ou de malédiction prononcées sur chaque individu, ainsi qu'à la croyance dans les effets des totems, interdits et rites communautaires.