Se rétablir d'un cancer : une pérennisation de l'incertitude de la trajectoire de malade.
Lucile Hervouet  1@  
1 : Centre de sociologie des organisations  (CSO)  -  Site web
CNRS : UMR7116, Sciences Po
19 Rue Amélie 75007 PARIS -  France

La proposition de communication se base sur les résultats d'une thèse de sociologie (2009-2012) portant sur l'enjeu de la coordination entre la médecine de ville et l'hôpital face au cancer. En termes méthodologiques, la communication s'appuiera sur les entretiens individuels semi-directifs réalisés dans le cadre de la thèse (93, auprès de malades, de proches et de professionnels de santé impliqués dans la prise en charge de malades atteints de cancer).

Durant la phase de thérapeutique, les stratégies de gestion du traitement en succession de courts termes ont pour bénéfice de reléguer une partie des questionnements sur l'avenir à plus tard. La communication propose de montrer que c'est dans la phase d' « après-traitement » que ressurgissent fortement ces questionnements.

Sans possibilité de se raccrocher à l'action thérapeutique de phase aigüe pour mettre à distance ses doutes et appréhensions, le malade doit alors faire face à des interrogations liées au sens même de sa maladie et à la construction d'un nouveau rôle social et familial. Ainsi, même s'il est rétabli physiquement, bien que certains malades souffrent définitivement d'une atteinte physique dans le cadre de « trajectoires invalidantes » (Ménoret, 1999), la sortie du traitement n'est jamais un retour à une vie « comme avant ». L'après traitement consiste en une entrée dans une période de surveillance, avec des examens et des consultations de contrôles réguliers. On retrouve à plusieurs reprises la métaphore d'une « épée de Damoclès » pesant sur les patients angoissés par l'idée d'une récidive. La surveillance, et pour certains la poursuite d'un traitement, tendent à les rapprocher de l'expérience d'une maladie chronique et d'une trajectoire de malade perçue comme sans fin.



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