Cette communication discutera sur l'efficacité de l'approche ethnographique en milieu psychiatrique[1] à l'épreuve de l'ethnicité, en prenant l'exemple de patients d'origine chinoise[2].
S'appuyant sur des observations participantes conduites lors de consultations psychiatriques[3] avec des familles d'origine chinoise et sur des entretiens semi-directifs individuels ou collectifs, effectués depuis septembre 2010 à l'extérieur du champ médical, auprès des professionnels de santé ainsi qu'auprès des patients et de membres de leur famille, cette communication montrera dans quelle mesure, l'approche ethnographique à la fois dans les familles chinoises et en institution, ainsi qu'à mon regard simultanément « intérieur et extérieur »[4] sur les populations que j'ai étudiée, a été féconde et pertinente pour appréhender anthropologiquement et sociologiquement des productions et des expressions de la guérison et aux conceptions sous-jacentes de la guérison.
L'ethnographie du guérir a pu ainsi mettre en évidence les coulisses de la quotidienneté d'une vie de migrant ainsi que celles du travail des professionnels de santé en institution, replacées dans les contextes économiques, politiques, sociaux et moraux de la prise en charge en santé mentale des populations migrantes au sein de la société d'accueil.
[1] Le terme « psychiatrique » est ici entendu au sens large. Les différentes approches des soins en santé mentale – biomédicales, psychothérapeutiques, psychanalytiques, entre autres – font l'ensemble des soins psychiatriques discutés dans cette communication.
[2] Cette communication a fait l'objet d'une thèse de doctorat en sociologie dirigée par Stéphane Beaud et Richard Rechtman, soutenue en juillet 2014 à l'École Normale Supérieure, et intitulée « Expériences migratoires au prisme des usages des soins psychiatriques. Le cas de l'immigration chinoise en région parisienne. Une enquête ethnographique en institution et dans les familles ».
[3]Il s'est agi d'une dizaine d'institutions psychiatriques comprenant des Centres médico-psychologiques, Hôpitaux de jour, Hôpitaux psychiatriques en Ile-de-France ; situées notamment dans les « quartiers chinois » tels que le 3ème arr., 11ème arr., 19ème arr., et 13ème arr. de Paris.
[4] De l'intérieur, parce qu'il existe une proximité incontestable entre le profil sociologique du sous-groupe des jeunes diplômés immigrés à Paris et le mien. De l'extérieur, parce que j'ai été mobilisée par les enquêtés chinois, en tant qu'interprète-médiatrice dans le cadre de leurs soins. La façon dont les familles chinoises m'ont utilisée s'est intégrée à leurs usages des soins psychiatriques. En quelque sorte, j'ai fait émerger les matériaux empiriques collectés dans cette thèse.
- Poster