L'idée de guérison en sexologie et médicine sexuelle : entre guérison et qualité de vie
Alain Giami  1@  
1 : CESP Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations, Equipe Genre, santé sexuelle et reproductive, F-94276, Le Kremlin Bicêtre, France
Inserm : U1018

L'apparition - au début des années quatre-vingt - des premiers traitements efficaces des troubles de l'érection (pharmacologiques et chirurgicaux) a donné aux médecins sexologues et à ceux qui souffrent de ces troubles de nouveaux espoirs quant aux possibilités de traitement dans un contexte dominé jusqu'à cette époque par les traitements psychothérapeutiques. Les nouveaux médicaments "sexo-actifs" sont fondés sur une évaluation "fondée sur des preuves" de leur efficacité entendue comme "restauration d'une activité sexuelle naturelle" fondée sur une amélioration des performances comportementales et fonctionnelles des individus : amélioration de la rigidité pénienne, augmentation du temps de latence intra-vaginale dans le cas de l'éjaculation prématurée et augmentation de la fréquence des "rapports sexuels satisfaisants" dans le cas des troubles sexuels des femmes (FSD). L'amélioration de ces fonctions reste cependant dépendante de la compliance aux traitements. Les mesures d'évaluation des traitements sont complétées par des mesures de qualité de vie c'est à dire que des mesures objectives de comportement sont associées à des mesures subjectives. Mais à l'instar des propos de Canguilhem, ces traitements ne ramènent jamais les patients à un supposé état antérieur, et dans le cas de dysfonctions sexuelles, les traitements ont pour but de faciliter le fonctionnement assisté par les traitements qui prennent ainsi une dimension palliative et qui assimilent le traitement des troubles sexuels au traitement de "maladies chroniques".

La communication est fondée sur une analyse de la littérature bio-médicale, des débats qui ont lieu dans les agences sanitaires à propos de l'approbation des médicaments destinés au traitement des troubles sexuels, d'observations dans des congrès et d'entretiens informels avec des sexologues.

Le traitement des troubles sexuels s'inscrit de plein pied dans le renouvellement des questions bio-médicales dans le contexte des maladies chroniques avec lesquelles le patient doit vivre en développant la meilleure "qualité de vie" possible. On développera l'idée selon laquelle la question de la guérison apparaît en arrière plan par rapport à l'idée d'efficacité des traitements, efficacité qui reste mesurée de façon ponctuelle sur des dimensions fonctionnelles et comportementales et comment la modification des "styles de vie", l'amélioration subjective de la qualité de la vie sexuelle et de la relation avec le conjoint apparaissent comme les principaux objectifs de ces traitements. 



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