Après le cancer : que deviennent les anciens malades ?
Silvia Rossi  1@  
1 : CRIX
Université Paris Ouest Nanterre La Défense : EA369

L'objectif de notre communication sera d'interroger la notion de guérison à travers l'analyse du langage utilisé dans les œuvres autobiographiques des malades atteints du cancer parues en Italie pendant les vingt dernières années.

Rarement utilisé par les soignants, le mot guérison apparaît comme inadapté pour définir une condition de vie à jamais mutée par le cancer ; ses conséquences, physiques, socio-professionnelles et psychologiques, perdurent bien après la fin des traitements, notamment par les contrôles réguliers nécessaires qui rythment la vie des anciens malades.

En cohérence avec la métaphore (ou le cliché) de la guerre au cancer, la langue anglaise a créé le terme de survivor. Outre le survivant, qui sont les guéris qui apparaissent dans les autobiographies ?

Susan Sontag, dans l'introduction de La maladie comme métaphore constate que « en naissant, nous acquérons une double nationalité qui relève du royaume des bien-portants comme de celui des malades »[1] : quel « passeport » devra donc présenter celui qui a connu le cancer ? Comment définir ces personnes qui sont effectivement bien mais ne peuvent pas être considérées guéries, ces personnes qui ont obtenu un visa[2] qui doit par contre être périodiquement renouvelé, qui vivent dans le monde des bien-portants, même s'elles sont sous menace d'expulsion ?

Ces anciens malades sont-ils des chanceux, ayant, grâce à la médecine moderne, obtenu l'autorisation de faire « un autre tour de manège »[3] ? Ou sont-ils des « invisibles »[4], sans une place dans la société ? Ou encore, sont-ils des témoins qui, grâce à leur expérience, ont une connaissance unique et le devoir de la partager[5] ?


[1] SONTAG (Susan), 1977.

[2] FRANK (Arthur W.), 2013.

[3] TERZANI (Tiziano), 2004.

[4] SANNUCCI (Corrado), 2008.

[5] FRANK (Arthur W.), 2013



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